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Le FRIGO

LE FRIGO

Revue de presse :

Le comédien Régis Goudot, dirigé par Didier Carette, offre une interprétation virtuose, sensible et sensuelle d’une des dernières œuvres de Copi, « le Frigo ». Une pièce poignante, où le ballet extravagant des masques exorcise l’angoisse, la solitude, la mort et le besoin d’amour.

Diane Launay, www.lestroiscoups.com, 11 oct. 08



Un démarrage en trombe et en tombe, si l’on peut dire, où la mort se la joue rigolarde. Un spectacle électrochoc comme un pied de nez à toutes nos angoisses.

André Lacambra, l’Opinion indépendante, 10 oct. 08



Didier Carette consacre sa mise en scène au dépoussiérage de la pièce pour n’en conserver que l’audace de l’auteur. Celle d’oser montrer la solitude et la folie d’un homme au moment de sa mort. Quelques chansons décalées, des mots d’esprit, des situations cocasses et des images drôles viennent détendre l’atmosphère d’une pièce inclassable où l’on passe du rire aux larmes dans la même seconde.

J-L Martinez, La Dépêche, 10 octobre 08



Un Régis Goudot au sommet de son art, qui porte sans faiblir ce texte redoutable, qui allie une variété de jeu à une énergie constante. Très grand dans sa dérision, léger dans son désespoir, il parvient à un équilibre rare entre l’outrance d’un personnage qui n’est que rôles et spectacle, et un jeu tout petit, délicat, à fleur de peau. Bravissimo.

Manon Ona, lecloudanslaplanche.blogs.fr, 9 octobre 08

 

Même la mort rigole...

Didier Carette, pourquoi avez-vous choisi de piocher dans le Frigo ?

Copi incarne un univers et un style théâtral que j’affectionne beaucoup…Même s’il est vrai que je n’avais encore jamais mis en scène cet auteur, j’ai toujours eu beaucoup de connivences avec le monde argentin, multi-facettes et multicolore, à travers des comédiennes comme Marilu Marini qui joua dans ma première pièce, ou encore le metteur en scène Alfredo Arias que j’aime artistiquement et humainement. Chez eux, me touche en particulier cette folie drolatique empreinte de gravité. Avec Copi, l’on côtoie sans cesse la mort… Mais une mort presque apprivoisée, une mort qui rigole…

Avec cette mise en scène, Didier Carette veut-il aussi faire rigoler la mort ?

J’essaie oui, car je crois que nous en avons besoin. Il est parfois salvateur d’en rire un peu, de s’en moquer même. De remettre l’existence à sa place. Et pour cela, nous avons des moyens connus : le sarcasme, l’ironie, la dérision, l’autodérision … Pour ce travail, nous venons de visionner une vidéo de Copi interprétant le Frigo six mois environ avant qu’il ne meurt du sida. Il a le visage émacié, et évidemment, ce jeu est éminemment tragique, mais en même temps, la pièce demeure très drôle… Ce panachage entre tragédie et comédie rejoint les préoccupations du travail que nous menons depuis des années maintenant, mais là, il s’agit ni plus ni moins du thème central de la pièce. Toute la difficulté est par conséquent de convoquer les situations vaudevillesques imaginées par l’auteur en conservant la profondeur du drame creusée par l’omniprésence de la mort.

A quelle esthétique cette réflexion doit-elle mener ?

Même s’il est encore trop tôt pour vous donner des éléments précis, tout doit être pensé pour rendre le dosage subtil que j’évoquais à l’instant. Subtil car l’erreur serait de tomber dans la facilité du travestissement, dépassé depuis qu’il a perdu le pouvoir subversif qu’il avait à l’époque [NDRL : le personnage central cultive le mystère de sa sexualité]. L’esthétique doit montrer le sordide, mais aussi la légèreté. L’univers doit affirmer l’extrême solitude d’un être qui se débat avec les fantômes qu’il crée. Avec Tennessee William, avec lequel on déclinait déjà un peu ces idées portées par des personnages fragiles, émotifs et brisés, on avait le texte, magnifique, sur lequel s’appuyer. Là, la qualité du texte n’intéresse absolument pas Copi. C’est un moyen, comme les objets, les costumes, le décor, et qui ont tous en commun un kitch absolu et un mauvais goût outrancier…Là, on est peut-être encore davantage dans le théâtre…

Vous avez annoncé lors de la présentation de la saison que la programmation donnerait la part belle au comédien Régis Goudot. Après Marie-Christine Colomb et Georges Gaillard, c’est un hommage que vous souhaitiez lui rendre après des années de travail ensemble … Cela vous a-t-il également influencé pour choisir le Frigo ?

En réalité, Régis est porteur du projet. Il avait envie de jouer le personnage de L, cet ancien mannequin, écrivain, sans sexe, presque sans visage… Et je crois qu’il en a la dimension. Il porte en lui cette gravité dont on parlait, et que l’on a pu voir dans son interprétation du côté sombre de Rimbaud l’Enragé, mais aussi les émotions nécessaires pour toucher le public, la drôlerie, et un côté « music hall » transmis par un vrai goût pour la musique et le chant. Oui, il saura très bien porter le rôle…

Propos recueillis par Bénédicte Soula, Toulouse Cultures, octobre 2008.

 
 
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