CHAIR DE MA CHAIR
Revue de presse :
Elle irradie les plateaux. Un dictionnaire entier d'adjectifs ne suffirait pas à qualifier l'immense talent de l'interprète metteur en scène Ilka Schönbein. L'inouï ne lui arrive pas à la cheville, l'inédit s'avérerait trivial ; alors pourquoi pas la qualifier de « femme », tout simplement ? Une femme de 40 kilos toute mouillée et dans toute la puissance de sa force vitale.
Floriane Gaber. Fluctuat.net – janvier 2007
On ne va pas voir un spectacle d’Ilka Schönbein par hasard du moins ne le devrait-on pas, car personne n’est sûr d’en ressortir indemne. La fondatrice du Théâtre Meschugge a l’extraordinaire faculté d’émouvoir et de bouleverser le public au plus profond. C’est au-delà du talent, au-delà du savoir faire : quelque chose comme un engagement suprême dans son art, un don de soi au public et probablement une véritable mise en danger pour elle même. En utilisant les uns après les autres une effrayante garde-robe de masques de latex et de papier mâché quelle a moulé sur son propre visage et sa propre poitrine avant d’en extraire la caricature, Ilka Schönbein pourtant dans dire un mot, joint le geste à la parole : l’amour, on le sait, peut vous "tourner la tête", vous "briser le cœur", … vous "rendre fou" !
Patrick Flaschgo. PUR SI MUOVE, revue trilingue de l’Unima. Avril 2004
On retrouve l’art si troublant d’Ilka Schönbein, cette symbiose avec ses marionnettes greffées sur son corps... lorsque l’artiste n’incarne pas littéralement ses créatures, en y enfilant ses bras ou ses jambes.
Les Inrockuptibles. Avril 2002
Toute la poésie d’un conte de fées avec trois fois rien.
V S D
Avec son souci constant de simplicité extrême, Ilka Schönbein parvient à un résultat d’une rare qualité.
Les Saisons de la Danse
Voilà maintenant que les fées se prennent pour des sorcières. Le comble c’est qu’à force de se croire laides, elles en deviennent encore plus belles. Surtout Ilka Schönbein, cette fée - comédienne est surtout une grande croqueuse de désespoir... Faut la voir dévorer à grands coups de poésie la dureté du monde pour mieux éructer de plaisir !
Libération / été 1998
Amateurs de masques et de marionnettes, accrochez-vous à vos fauteuils. La très sombre Ilka Schönbein, expertes en métamorphoses, n’a jamais fait dans la demi-mesure. Avec Aglaja Veteranyi, artiste de cirque roumaine en exil, dont elle adapte ici le récit, elle se découvre une mystérieuse parenté. Son personnage d’enfant mal aimé pousse, dans la peur, à l’ombre d’une mère-acrobate inoxydable, suspendue au chapiteau par les cheveux. « Ma mère dit que les cheveux, c’est le plus important pour une femme », écrit d’ailleurs Aglaja Veteranyi. Dans le théâtre expressionniste d’Ilka Schönbein, le peigne devient un hachoir et c’est bien cet instrument qui s’incruste dans la chevelure de la petite fille. On a presque la trouille. La scène est vide. La musique se fait à peine entendre. Comme si elle refusait son propre corps de danseuse, Ilka Schönbein se vieillit, boîte, se recroqueville… Il n’y a pas d’échappée belle. Ilka Schönbein, la femme-caméléon, abandonne ses personnages les uns après les autres comme des peaux mortes, elle laisse glisser le long de son corps les masques comme autant d’identités d’emprunt. Après quoi, il ne reste que de la douleur à vif. Plus que jamais, son théâtre mérite son nom, « Meschugge », ce qui veut dire « fou » en yiddish.
Mathieu Braunstein. Télérama (20 janvier 2007).
Magicienne ou sorcière, on ne sait pas qui est exactement l’allemande Ilka Schönbein quand elle gesticule sur la scène. Marionnettiste, formée à la danse, elle joue et met en scène « Chair de ma chair », d’après l’émouvant récit d’Aglaja Veteranyi, enfant de la balle.
Visage noirci, lèvres et mains peintes en rouge, l’incroyable interprète se contorsionne, gesticule, tricote, enfante, devient mère-acrobate dans un cirque, père indigne, amant repoussant et surtout petite fille blessée pour toujours. Cette dernière, seule dans une caravane, effrayée des risques quotidiens que prend sa mère sur le trapèze, dit son angoisse de la perdre. Et aussi son soulagement : « Ce soir, maman n’est pas morte ».
Le public est happé par le jeu d’Ilka Schönbein, de l’étrange conteuse qui l’accompagne sur scène grimée en Monsieur Loyal (Nathalie Pagnac) et par les mots d’Aglaja Veteranyi.
Visage noirci, lèvres et mains peintes en rouge, l’incroyable interprète se contorsionne, gesticule, tricote, enfante, devient mère-acrobate dans un cirque, père indigne, amant repoussant et surtout petite fille blessée pour toujours. Cette dernière, seule dans une caravane, effrayée des risques quotidiens que prend sa mère sur le trapèze, dit son angoisse de la perdre. Et aussi son soulagement : « Ce soir, maman n’est pas morte ».
Le public est happé par le jeu d’Ilka Schönbein, de l’étrange conteuse qui l’accompagne sur scène grimée en Monsieur Loyal (Nathalie Pagnac) et par les mots d’Aglaja Veteranyi.
Nathalie Simon. Le Figaro. 20 janvier 2007
Artiste venue du théâtre de rue, l’Allemande Ilka Schönbein présente Chair de ma chair, d’après Pourquoi l’enfant cuisait dans la polenta, texte d’Aglaja Veteranyi, romancière roumaine de langue allemande, suicidée en 2002 à l’âge de quarante ans. Dans un décor de baraque de foire, escortée par deux comparses (Nathalie Pagnac et Bénédicte Holvoote), Ilka Schönbein se transforme à vue - masques, bras et jambes en carton - en surmarionnette changeante pour donner corps au récit autobiographique de la romancière ; enfant de la balle dont la mère exécutait un numéro suspendue par les cheveux. Terrible histoire, au bout du conte, où mère et fille, en un seul organisme parfois confondues, se livrent un combat sans merci. Sont mises en jeu les ressources d’un expressionnisme savant, pour signifier le dédoublement propre à la schizophrénie, le cauchemar d’être au monde avec le sentiment de toute perte imminente. Une pincée d’humour noir et les déhanchements d’un poulet prêt à cuire sur un air d’opéra allègent, par à-coups, cette danse autour d’une enfance sans remède.
L’Humanité. Jean-Pierre Léonardini. 22 janvier 07
Ilka Schönbein, œuvre vivante
La marionnette, pour Ilka Schönbein, ce n’est pas un attribut de l’enfance : c’est un morceau d’enfance qui lui colle à la peau. Il faut la voir de spectacle en spectacle (véritables sculptures vivantes) se multiplier, s’amputer, se greffer, jouer avec ces prothèses géantes, ces masques, ces bouts d’elle qu’elle manipule comme autant d’amulettes, grande prêtresse possédant l’art de se reproduire ou de s’anéantir dans une singulière bacchanale. Elle rappelle d’ailleurs l’origine du théâtre dans les civilisations orientales, où l’on prenait l’empreinte du visage des morts pour en faire un masque. Le masque permettait ensuite de ressusciter le défunt, quelqu’un rejouant sa vie à loisir…
On l’aura compris, l’univers d’Ilka Schönbein n’est pas particulièrement destiné aux enfants. Sa spécialité « est de réveiller dans les adultes l’enfant intérieur endormi et sa capacité de fantaisie », dit-elle.
On l’aura compris, l’univers d’Ilka Schönbein n’est pas particulièrement destiné aux enfants. Sa spécialité « est de réveiller dans les adultes l’enfant intérieur endormi et sa capacité de fantaisie », dit-elle.
Stéphanie Tesson, L’avant-scène théâtre. Janvier 2007